Genres musicaux

Froberger & Fischer, modèles de l'école allemande de clavecin

Le clavecin a compté parmi les instruments emblématiques de l'époque baroque. Une chronique antérieure ayant rendu hommage aux fastes de la grande école française, de Jacques Champion de Chambonnières (1602-1672) à Armand-Louis Couperin (1727-1789), il paraît normal de s'intéresser à l'école allemande. Les choses se sont cependant passées différemment des deux côtés du Rhin et en caricaturant à peine, on pourrait presque dire qu'en France, la forme a primé le fond alors qu'en Allemagne le fond a primé la forme. la facture des instruments disponibles n'a pas été étrangère à ces choix.

- En France, l'accent a été mis sur une culture du son favorisée par l'excellence des facteurs français (Denis, Tibaut, Blanchet, Donzelague, Vater, Hemsch, ...) à l'école des maîtres flamands (Couchet, Ruckers, ...). Des origines du genre jusqu'à y compris Jean-Philippe Rameau (1683-1764), tous les compositeurs ont veillé à ce que soit respectée une véritable culture du raffinement sonore.

- En Allemagne les choses se sont passées différemment et le fond a bien vite pris le pas sur la forme. Lorsque Bach a composé pour les claviers à sa disposition - essentiellement des Hass et des Silbermann, à la sonorité moins flatteuse que celle des Ruckers - il s'est surtout préoccupé d'être sûr que l'instrument pouvait répondre aux exigences de son inspiration et en sus être jouable dans toutes les tonalités sous réserve de trouver un tempérament convenable (C'est le principe même du Clavier bien tempéré). Les Maîtres allemands qui ont précédé Bach d'une ou deux générations ont anticipé cette position : immergés dans une Allemagne largement luthérienne, ils ne pouvaient décemment pas sacrifier à cette forme d'hédonisme dont les français étaient friands.

Deux précurseurs de l'école allemande

La spéculation austère pour ne pas dire sévère est déjà présente dans l'oeuvre de Matthias Weckmann (1616-1674) et elle demeure apparente dans celle de Dietrich Buxtehude (1637-1707), le musicien qui a motivé le jeune Bach à faire le trajet d'Arnstadt à Lübeck pour rencontrer son modèle (400 km à pied et autant au retour rapporte-t-on mais peut-être a-t-il fait du "stop" !). Il en a profité pour rencontrer Johann Adam Reincken (1643-1750) et Georg Böhm (1661-1733).

Toutes ces musiques peuvent bien être savantes, il leur manque ce supplément d'âme qui pourrait nous les rendre indispensables. Voilà pourquoi cette chronique veut attirer l'attention sur deux musiciens différents, Johann Jakob Froberger (1616-1667) et Johann Caspar Ferdinand Fischer (1656-1746), qui parlent instantanément à nos oreilles, peut-être parce qu'ils ont été davantage à l'écoute des styles français et italiens.

Johann Jakob Froberger
Johann Caspar Ferdinand Fischer

Musicalischer Parnassus, un recueil de 9 Suites chacune consacrée à une muse (Clio, Calliope, Melpomene, Thalia, Erato, Euterpe, Terpsichore, Polymnie, Uranie). Il en existe un enregistrement intégral mais il est décevant en cause, comme souvent dans ce cas un clavecin atone et anémique. L'enregistrement partiel de William Christie est autrement passionnant et il n'a pas pris une ride malgré ses 40 ans passés. Uranie est passée à la postérité pour sa merveilleuse passacaille finale et la version qui me convient le mieux est à nouveau celle "à la française" de W. Christie le plus "francophone" des (musiciens) américains (Ici une version pour orgue).

Pour orgue : Ariadne Musica, Chacone en fa majeur ici jouée sur un orgue oeu connu de san Miniato (àa Samminiatello)

Instrumental : Suite en ut majeur (opus 1/1)

 

Double CD 21 Caprices
Double CD 21 Caprices
CD1 et CD2 21 Caprices
CD1 et CD2 21 Caprices