Compositeurs négligés

Carl Loewe

Carl Loewe
Portrait d'un musicien inspiré
(peint par Ludwig Most)

Carl Loewe (1796-1869) n'est pas vraiment un inconnu pour les historiens de la Musique : depuis toujours, ils reconnaissent en lui un Maître du Lied et surtout de la Ballade romantique. Son oeuvre est cependant beaucoup plus vaste que cela comme en témoigne son catalogue complet. On en redécouvre actuellement des pans entiers grâce à quelques éditeurs entreprenants et des interprètes heureux de (re)découvrir une musique généreuse et sincère.

Loewe est né un an avant Schubert. Comme lui, il a incarné une vision du romantisme allemand mais alors que Schubert l'a fait dans l'urgence d'une vie éphémère, Loewe a davantage pris son temps, poursuivant son chemin pendant quatre décennies supplémentaires. Tous deux ont été tôt captivés par la poésie de Goethe (1749-1832), mettant en musique son "Roi des Aulnes" : si la mise en musique de Schubert est devenue célèbre (Erlkönig, opus 1 ou D 328), celle de Loewe n'a pas connu la même notoriété (Erlkönig, opus1/n°3). Il faut dire que la fragilité de la musique de Loewe la rend de fait extrêmement sensible à l'engagement de l'interprète; pour cette fois, Dietrich Fischer-Dieskau ne lui a pas vraiment rendu justice, il suffit pour s'en rendre compte d'écouter ce qu'en a fait Kurt Moll dans cette version instrumentée.

Si Schubert s'est complètement investi dans le Lied au point de l'incarner, Loewe a préféré se consacrer majoritairement au genre moins ambitieux de la ballade populaire mais où il demeurait plus aisément à l'abri de la concurrence. De fait c'est dans ce domaine particulier qu'il a rencontré le succès et qu'il est durablement passé à la postérité. Une intégrale en 21 CD est parue chez cpo, qui souffre à peine de l'inévitable inconvénient de reposer sur plusieurs interprètes vocaux. Par contre, Cord Garben est omniprésent au piano, garantissant l'unité stylistique de l'accompagnement. Ce n'est nullement un hasard, Garben a consacré une partie de son travail musicologique à l'oeuvre de Loewe.

Note concernant l'importance du travail de Cord Garben. Pianiste, chef d'orchestre et peut-être surtout musicologue, Garben a accompagné les plus grands chanteurs de son (jeune) temps (dont Fischer-Dieskau) et consacré sa vie à la défense d'oeuvres de musiciens trop négligés, tels Felix Draeseke, Errich Zeisl, Dora Pejacevic, Leopold Godowsky, Allan Pettersson, Alma Mahler, Siegmund von Hausseger, ... et bien sûr de Carl Loewe (Une bonne partie de ses enregistrements sont disponibles ici avec écoute partielle). Loewe l'a particulièrement intéressé au point de faire partie

On est longtemps demeuré avec cettze idée que Loewe n'avait rien composé d'autre qui soit significatif. Pourtant une enregistrement déjà ancien de sa Symphonie n°1 (1832) dû à la Philharmonie de Lorraine (Dir. Houtmann) aurait dû attirer l'attention (Comparez avec la version plus récente de la tout aussi confidentielle Jenaer Philharmonie (Dir. Gaudenz) qui adopte un tempo plus rapide et une articulation plus incisive, une franche réussite que la n°2 (1834) n'a pas réussi à égaler.

Restons dans le domaine symphonique avec les deux concertos pour piano (n°1 et l'excellent n°2)

Oratorios

Dans le domaine de la musique de chambre Trio en sol mineur (n°1 à 4) un enregistrement cpo proposant des compléments de choix dont les merveilleux Schottische Bilder (n°5 à 7) et le Duo espagnol (n°8). 3 Quatuors à cordes

Musique pour piano a été enregistrée par Linda Nicholson en 4? Volumes chez Toccata classics : Biblische Bilder,

Les 3 Sonates ont également été superbement enregistrées par Cord Garben chez cpo