Compositeurs négligés

Mikhail Nosyrev

Exorde

Pauvre Russie, n'as-tu rien appris de l'Histoire et que fais-tu de ton âme ?

Et quelle idée d'agresser son voisin quand on est un peuple civilisé - et la Russie en est un ? Imaginerait-on un lointain descendant de Jules César, de Charlemagne ou de Charles Quint se mettre en tête de coloniser l'Europe ? Cela ne te suffit-il pas d'avoir repoussé les armées de Napoléon et d'Hitler et d'avoir acquis la certitude que cela ne se reproduirait plus de ce côté de l'Oural ? Tu as vraiment l'art de te trouver les dirigeants qui ne sont pas dignes de toi.

L'âme russe en a fait rêver plus d'un mais qu'en as-tu fait ? Tes artistes singulièrement les musiciens ont compté parmi ce qui s'est fait de mieux ces 150 dernières années. Tu les as pourtant mal traités depuis un jour d'octobre 1917 et cependant ils ont répondu de la plus belle façon à tes brimades, en fuyant (Stravinsky, Rachmaninov, Medtner, ...) ou en résistant et en puisant dans cette résistance la preuve que l'Art est la seule réponse possible à la barbarie.

L'histoire de Mikhail Nosyrev est désolante même si elle s'est mieux terminée qu'elle avait commencé. Il n'empêche qu'avec tes errements tu as (partiellement) muselé l'un de tes musiciens les plus prometteurs.

listen to concerto : https://www.allmusic.com/album/mikhail-nosyrev-violin-concerto-cello-concerto-mw0001828189

http://www.nosyrev.com/biography (Per Skans, musicologue suédois)

http://www.historiadelasinfonia.es/naciones/la-sinfonia-en-rusia/los-compositores-mas-notables-2/nosyrev/

http://www.nosyrev.com/discography/cd4

https://www.siue.edu/~aho/musov/discrev/noschron.html

Mikhail Nosyrev
Mikhail Nosyrev

Il est des CD qu'on préférerait n'avoir jamais entendus, tel celui-ci, paru chez Dynamic, tant il génère autant de frustration que de bonheur. Il propose essentiellement 24 Préludes, pour soprano & piano, écrits par Ella Adaïewsky (1846-1926). Mes oreilles se sont dressées dès l'écoute de la première plage (Prélude n°1 ), une phrase mélodique sinueuse de 50 secondes aux inflexions délicatement nostalgiques. La suite n'étant pas moins convaincante, j'en ai extrait 3 autres plages (Préludes n°3 , n°9 & n°11 ), du grand art.

Cet enregistrement est unique en son genre dans tous les sens de l'expression puisqu'il est le seul à proposer de la musique de cette musicienne et qu'il le restera selon toute vraisemblance, explications.

Ella Adaïewsky, de son vrai nom Elisabeth (von) Schultz, est née, en Russie, d'un médecin d'origine estonienne et d'une pianiste d'origine allemande. Pour des raisons que l'on peut comprendre, elle s'est choisie un pseudonyme russe et, vous l'aurez noté, masculin, estimant sans doute que Adayevskaya aurait nui à sa carrière de compositrice, un stratagème fréquent à une époque nettement sexiste. Ce pseudo est construit sur trois lettres rappelant le triple coup de timbale A (la), D (ré) et A (la) qui scande l'ouverture de l'opéra Ruslan and Ludmila de Mikhail Glinka.