Si les fratries pratiquant la musique en amateur ont été nombreuses aux siècles précédents, elles le sont beaucoup moins à notre époque "riche" en loisirs divers et variés. En comparaison, les fratries de compositeurs ont toujours été rares, une conséquence naturelle du degré d'expertise requis. L'Histoire a pourtant retenu les exemples plus ou moins probants des frères :
- Purcell (Henry (1659-1695, Fantaisies pour les violes) et Daniel (1664-1717)),
- Sammartini (Giuseppe Baldassare (1695-1750) et Giovanni Battista (1700-1775, Symphonie en la majeur)),
- Benda (Franz (1709-1786, Sonates & Caprices), Johann Georg (1713-1752) et Georg Anton (1722-1795)),
- Bach (Wilhelm Friedemann (1710-1784) et Carl Philipp Emanuel (1714-1788, Symphonies), tous deux issus du premier mariage de leur illustre père avec Maria Barbara Bach) et,
- Bach (Johann Christoph Friedrich (1732-1795) et Johann Christian Bach (1735-1782), tous deux issus du second mariage avec Anna Magdalena Bach),
- Haydn (Joseph (1732-1809, Missa in tempore belli, superbe version de concert) et Michael (1737-1806, les détails ci-après)),
- Stamitz (Carl (1745-1801, Symphonies) et Anton (1750-1800)),
- Schubert (Ferdinand (1794-1859, Requiem) et Franz (1797-1828)),
- Lachner (Theodor (1788-1877), Franz (1803-1890), Ignaz (1807-1895) et Vinzenz (1811-1893)),
- Hindemith (Paul (1895-1963, Nobilissima Visione) et Rudolf (1900-1974)),
- Matthews (David (1943- ) et Colin (1946- )), j'en oublie certainement.
Note. Les compositrices ayant de tous temps été denrées plutôt rares, on se doute que l'existence de soeurs compositrices aurait tenu du miracle. De fait, on ne cite guère que le cas des soeurs Boulanger, Lili (1887-1979, Psaume 130) et Nadia (1893-1918), encore que celle-ci ait fini par renoncer au décès prématuré de sa cadette de fait mieux douée. Les duos mixtes ont été à peine plus nombreux, le plus fameux ayant réuni Félix (1809-1847) et Fanny (1805-1847) Mendelssohn. A nouveau, j'en oublie sans doute.
Une étude comparative des oeuvres des uns et des autres pourrait être tentée sauf que dans la plupart des cas, elle aboutirait à la conclusion que l'un des frères (mentionné en caractères gras dans la liste qui précède) a nettement occulté l'autre (les autres).
Cette chronique se penche sur l'exemple significatif des frères Haydn, l'occasion de rendre hommage à Michael, qui n'a pas connu la notoriété de son frère, Joseph, alors que son oeuvre est considérable, dans tous les sens du terme. D'ailleurs, aujourd'hui, les éditeurs ne s'y trompent pas qui l'enregistrent enfin avec persévérance.
La disparition de J-S Bach, en 1750, a sonné la fin de l'époque baroque, du moins officiellement, dans les livres car dans les faits, les retardataires ont été nombreux tel Rameau (1683-1764) plus actif que jamais à 80 ans ! Les 4 fils compositeurs de Bach, se sont alors dispersés en Europe, Wilhelm Friedemann (1710-1784), à Halle, Carl Philipp Emanuel (1714-1788), à Berlin & Hambourg, Johann Christoph Friedrich (1732-1795), à Bückeburg et Johann Christian (1735-1782), à Milan & Londres, et tous ont tourné le dos au contrepoint paternel, contribuant, chacun à sa façon, à la naissance de l'ère (pré)classique.
Le père Bach était d'avis que son aîné, WF (Symphonie en ré majeur), était le plus doué mais la postérité a davantage apprécié son cadet, CPE (Symphonies berlinoises). Chez les demi-frères, c'est JC (Symphonie opus 6/6) qui s'est imposé à son aîné, JCF (Symphonie en si bémol majeur). Ces jugements reposent sur l'appréciation du rôle joué par chacun dans le développement du classicisme naissant, particulièrement leur prémonition du courant révolutionnaire (perceptible chez WF et surtout CPE). Pour vous faire une première opinion, écoutez les symphonies composées par chacun et choisies pour l'exemple.
Les musiciens de la Cour de Mannheim, la plupart originaires de Bohême, ont complété le tableau dans un esprit galant où la séduction mélodique immédiate a primé sur la prise de risque : Franz Xaver Richter (1709-1789), Johann Stamitz (1717-1757), Christian Cannabich (1731-1798), Anton Fils (1733-1760), ensuite les deux fils de Stamitz, Carl (1745-1801) et Anton (1750-1809).
Au bilan, c'est essentiellement en Autriche que l'esthétique classique a pris forme.
De 1723, date de l'installation de Bach comme Thomaskantor à Leipzig, à 1827, date du décès de Beethoven, à Vienne, un siècle environ a été nécessaire pour fonder les bases de la Musique classique. Autant dire que le centre de gravité de la création musicale a suivi le même chemin avec cependant une étape importante à Salzbourg. C'est là que Wolfgang Mozart (1756-1791) a grandi à l'ombre protectrice (et envahissante !) de son père, Leopold, avant de fuir à Vienne pour y tenter sa chance comme compositeur "free-lance". La carte ci-contre situe les trois lieux emblématiques de cette époque et elle ajoute la petite ville frontalière d'Eisenstadt, lieu d'installation d'Esterháza, le Versailles hongrois. C'est là que (Franz) Joseph Haydn (1732-1809), l'un des musiciens les plus en vue de son temps, a officié, pendant 30 ans (1760-1790), au service du Prince Nicolas I Esterházy.
La Principauté archiépiscopale de Salzbourg était un état du Saint-Empire romain germanique relevant du Duché de Bavière. Bien que ses frontières ne coïncidaient (indicatif assumé !) pas exactement avec celles de l'archidiocèse, l'entité était dirigée par un Prince-Archevêque cumulant les pouvoirs temporel et spirituel (La liste complète ici). La période classique en a essentiellement connu trois soit, dans l'ordre chronologique : Andreas Jakob von Dietrichstein (en fonction de 1747 à 1753), Sigismund von Schrattenbach (de 1753 à 1771) et enfin, le plus connu, Hieronymus von Colloredo-Mannsfeld (de 1772 à 1803). La Principauté a été dissoute en 1803 suite aux conquêtes napoléoniennes et aux remembrements qui en ont résulté.
Salzbourg a connu une première période musicale faste pendant le "règne" de l'illustre Hofkapellmeister Heinrich Ignaz Franz von Biber (1644-1704), l'un des musiciens les plus brillants de l'avant Bach (Missa Salisburgensis, 1704).
Il a ensuite fallu attendre un demi-siècle avant qu'elle connaisse un regain d'activité musicale comparable, lors de la désignation, en 1743, de Leopold Mozart (1719-1787) au poste de Konzertmeister de l'Orchestre de la Cour. Il a occupé cette fonction en plein exercice jusqu'en 1763, date à laquelle il a demandé un congé partiel pour s'occuper de l'éducation musicale de ses deux enfants hyperdoués, Maria Anna (3ème du nom, surnommée Nannerl) et surtout Wolfgang (5 autres enfants, dont deux Maria Anna, sont décédés en très bas âge).
Note. Leopold Mozart n'était pas seulement Violoniste et Compositeur, il était aussi un Pédagogue apprécié, en particulier pour sa "Méthode pour le Violon", publiée en 1756. Il a même fait partie, au même titre que Telemann, Haendel et Bach, de la Société savante et musicologique fondée par l'érudit allemand, Lorenz Christoph Mizler (1711-1778), un gage de l'estime en laquelle il était tenu par ses pairs. De nos jours, on s'obstine à minimiser l'importance de son oeuvre musicale, la réduisant par paresse ou ignorance à quelques partitions anecdotiques et/ou exotiques, mobilisant toutes sortes d'instruments improbables empruntés à la vie de tous les jours (La Chasse, Promenade en Traîneau, Symphonie burlesque, ...; par contre, la Symphonie des Jouets lui a(urait) été faussement attribuée). La réalité pourrait être assez différente comme en atteste la redécouverte de près de 500 partitions touchant à tous les genres. Un enregistrement des London Mozart Players révèle en effet une facette de son talent : l'allegro moderato de sa Symphonie en sol majeur (Eisen G14) est plutôt réussi, de même que le menuet & trio de la Symphonie en ut majeur (Eisen C4). On pourrait en dire autant de sa Missa solemnis en ut majeur. On dispose également de quelques enregistrements d'oeuvres concertantes pour cor(s) (presto plaisant en 20:46), trompette, ou encore trombone et d'oeuvres religieuses telle la Cantate "Surgite, mortui". Ceci dit, on est encore loin d'avoir exploré le catalogue complet.
C'est précisément Michael Haydn (1737-1806) qui a remplacé Leopold Mozart comme Konzertmeister de l'orchestre de la Cour. Leopold y a seulement conservé un pupitre de violoniste et Wolfgang a rejoint l'effectif à l'âge de 11 ans. C'est dans le cadre des concerts sacrés que M. Haydn a créé l'oeuvre qui l'a rendu célèbre, son Requiem en ut mineur (Création en 1771). Wolfgang s'est souvenu de cette oeuvre magistrale lorsqu'il a composé son propre Requiem (inachevé); la similitude sinon la ressemblance de certaines cellules thématiques et rythmiques (Dies irae, Quam olim Abrahe, ...) n'est nullement fortuite : en manque de temps, Wolfgang s'est tout simplement souvenu d'un modèle qui l'avait impressionné et il l'a "recomposé" à sa manière.
Etre musicien de Cour à Salzbourg (ou ailleurs !) n'était guère plus gratifiant qu'être laquais. Les plus doués (et encore ...) pouvaient espérer décrocher un poste mieux rémunéré de Kapellmeister (Chef intendant de l'orchestre), de Konzertmeister (Violon principal) ou d'Organiste de la Chapelle; à défaut, un poste subalterne. Précisons qu'il n'a pas souvent existé de rapport entre la valeur des musiciens et la position hiérarchique de chacun dans l'organigramme de la Cour. Pour vous convaincre, consultez cette liste chronologique des Kapellmeister en fonction à Salzbourg et constatez qu'à l'exception de Johann Stadlmayr (1580-1648, Missa Concertata n°3) et (surtout) d'Heinrich Ignaz Franz von Biber (1644-1704, Requiem en la majeur), aucun n'a brillé dans les annales. Ainsi, à la mort de Johann Ernst Eberlin (1702-1762), le poste de Kapellmeister convoité par Leopold Mozart est revenu à l'obscur Giuseppe Francesco Lolli (1701-1778) et, comme si cela ne suffisait pas, ni Michael Haydn ni Wolfgang Mozart n'ont ensuite jamais eu accès à cette position dominante.
Michael Haydn n'a, en fait, connu que deux affectations de Cour dans son existence. En 1760, il a été Kapellmeister à la Cour (mineure) du Comte Adam Patáchich, à Grosswardein (à l’époque en Hongrie, actuellement Oradea, en Roumanie). Mal rémunéré, il a postulé à Salzbourg et obtenu la fonction de Konzertmeister abandonnée par Leopold Mozart. Il y est resté en activité pendant les règnes des Princes-archevêques, Schrattenbach et Colloredo, apparemment prêt à endurer sans rechigner les contraintes liées à la fonction.
Son collègue et ami, Wolgang Mozart, n'a pas eu la même patience. Il n'a pas longtemps supporté d'être traité comme un domestique et de subir les remontrances de l'Archevêque (Colloredo) critiquant ses absences répétées lors de ses tournées européennes. Finalement, congédié comme un malpropre, en 1781, Mozart a migré à Vienne où il a rejoint Joseph Haydn qui l'a accueilli avec estime et amitié.
Note. Joseph Haydn a certainement contribué à ouvrir les yeux de Mozart sur l'intérêt d'une évolution du statut d'artiste. Il en savait quelque chose, lui qui a été parmi les premiers à s'affranchir des contraintes de Cour. Il a été aidé en cela par des circonstances favorables qu'il a su exploiter à son avantage : 1) Après 20 ans de bons et loyaux services, il a négocié et obtenu de son protecteur princier, Nicolas I Esterházy, l'autorisation d'éditer ses oeuvres à son profit (chez Artaria à Vienne) et 2) Au décès de Nicolas I, il a obtenu de ses successeurs, Anton et Nicolas II, peu intéressés par l'entretien d'une chapelle musicale mais respectueux du prestige dont il jouissait en Europe, de pouvoir voyager sans perdre sa rente annuelle (A Londres, par deux fois pendant deux ans : 1791/92 et 1794/95. Cf cette chronique pour quelques détails).
Pour la petite histoire, Michael et Josephavaient un frère cadet, prénommé (Johann) Evangelist (1743-1805). Egalement musicien, il a exercé comme ténor à la même Cour des Esterházy où Joseph était (Vice-)Maître de chapelle. On raconte qu'apparemment peu doué, il n'a dû son maintien en poste qu'aux interventions répétées de Joseph.
Un large ensemble d'oeuvres attribuées à Michael Haydn nous est parvenu, qu'il a fallu rassembler et classer. Le problème s'est cependant posé d'éliminer les attributions douteuses voire carrément erronées, en cause une confusion possible avec son frère. Dès lors, plusieurs catalogues coexistent qui adoptent des numérotations différentes : le plus ancien (1907), dû à Lothar Perger, est reconnaissable au sigle P (Perger évidemment !) qui précède chaque numérotation tandis que celui dû à Charles Sherman utilise plus modestement le sigle MH. Pour ne rien simplifier, ce dernier existe en deux versions, datées de 1982 et 1993. Actuellement, les maisons d'enregistrements mélangent allègrement les numérotations, demeurez vigilants. Par exemple, Chandos se fie au catalogue Perger tandis que CPO utilise le Sherman de 1982 et si vous êtes perdu, vous trouverez une table (incomplète) des correspondances sur le Wikipedia anglais. L'enregistrement des London Mozart Players, paru chez Chandos, est particulièrement recommandable : écoutez, par exemple, les oeuvres numérotées P 6, P 26 et P 32 .
Musique symphonique. Michael Haydn a composé une bonne quarantaine de Symphonies toutes enregistrées. Globalement, ce massif n'est guère aussi impressionnant que celui de son frère Joseph et cependant il est digne d'intérêt. Le lien fourni ci-avant vous permet d'écouter un grand nombre de ces oeuvres, malheureusement listées dans un désordre chronologique. Or les dates de composition ont une réelle importance : les deux frères Haydn ont débuté leur parcours symphonique à peu près simultanément, vers 1758. Comparez les Symphonies n°1 de Michael et de Joseph et reconnaissez que ces oeuvres insouciantes se valent largement. Par contre, il suffit de comparer les Symphonies plus tardives, par exemple celles composées vers 1789 (Michael n° 38 vs Joseph n° 92) pour aboutir à une conclusion radicalement différente, à l'avantage de Joseph. L'explication ne tient pas tant au talent inné des deux musiciens qu'à leur parcours académique : Michael est demeuré prisonnier d'un système de Cour qui l'a bridé alors que Joseph s'en est affranchi.
Musique concertante. La différence est moins marquée dans le domaine du Concerto avec soliste, un genre que Joseph n'a pas soigné avec autant d'attention que la Symphonie. Michael a en particulier rivalisé grâce à un traitement habile d'instruments solistes diversifiés (Concertos pour flûte, clarinette, trompette, cor, trombone, etc).
Musique de chambre. Sans révolutionner un genre largement fondé par son frère, M. Haydn a produit nombre d'oeuvres intéressantes, en particulier des Quintettes à cordes (Quintette en ut mineur). J'apprécie également la Sérénade en ré, P 87, une oeuvre sans prétention mais rudement bien écrite.
Musique vocale profane. Jusqu'à la mort de l'archevêque von Schrattenbach, en 1771, M. Haydn a composé des œuvres dramatiques pour le théâtre de l'Université bénédictine. L'Oratorio allégorique Die Schuldigkeit des ersten Gebots (1767), est une oeuvre collective écrite en collaboration avec Anton Adlgasser (1729-1777, Requiem en ut majeur) et W. Mozart, alors âgé de 11 ans, dont les parties 2 et 3 sont considérées comme perdues. Les oeuvres suivantes, entièrement de sa main, démontrent la facilité avec laquelle il écrivait pour le théâtre : Die Ährenleserin (MH 493), Andromeda e Perseo (MH 438), Sérénade L'Endimione (MH 186), Der Bassgeiger zu Wörgl (MH 205), Die Hochzeit auf der Alm (MH 107) et Der Traum sont autant de réussites théâtrales dignes de J. Haydn. Hélas, il a dû abandonner ce genre pour lequel il avait de réelles dispositions car l'Archevêque Colloredo a imposé d'autres priorités centrées sur la musique d'église.
Musique sacrée. C'est dans le domaine de l'Oratorio que Michael Haydn s'est montré le plus convaincant et ce n'est guère surprenant vu la parenté du genre avec le théâtre. Hélas les oeuvres n'abondent pas pour les mêmes raisons évoquées ci-avant. De fait, Kaiser Constantin est un chef-d'oeuvre (de plus parfaitement enregistré chez Accent) et Die Wahrheit der Natur (MH 118) est tout aussi brillant. Mais ce que l'Archevêque voulait, c'était des messes.
Des messes, Michael Haydn en a composé à toutes les époques de sa vie et leur qualité a beaucoup dépendu des contraintes imposées par les commanditaires.
Les messes de jeunesse, composées avant 1763, époque à laquelle M. Haydn était encore libre de son style, sont particulièrement inventives (Missa Sancti Francisci Seraphici (1756) et Missa Sanctorum Cyrilli et Methodii (1758)); de même, les messes salzbourgeoises antérieures à 1782 (Fameux Requiem (1771) déjà évoqué, Missa Sancti Joannis Nepomuceni (1772), Missa S. Hieronymi (1777), Missa Sancti Ruperti (1782, Credo naïf mais plaisant), ...). C'est après que les choses se sont compliquées, lorsque Colloredo a publié une série de décrets visant à simplifier les services religieux et recommandant une musique de plus en plus homophonique. Sans surprise, ils ont eu un effet délétère sur la production du compositeur.
M. Haydn a cumulé les distinctions en fin de carrière :
- En 1782, il a été nommé organiste à la Dreifaltigkeitskirche. Il en est résulté une fâcherie avec Leopold Mozart, furieux que le poste ait échappé à son fils Wolfgang. Ce fut sans doute l'une des gouttes qui ont fait déborder le vase porté par celui-ci car l'incident a coïncidé avec sa désertion de la Cour de Salzbourg et son déménagement à Vienne.
- A la mort de Leopold Mozart, en 1787, il lui a succédé comme professeur de violon à la Cour, comptant parmi ses élèves Anton Diabelli (1781-1858), Carl Maria von Weber (1786-1826), Joseph Woelfl (1773-1812, Symphonie en sol mineur) et Sigismund Neukomm (1778-1858, Symphonie héroïque (sic)). Diabelli, devenu éditeur, lui a d'ailleurs renvoyé l'ascenseur en publiant nombre de ses œuvres.
- En 1800, le prince Nicolas II Esterhazy lui a proposé de se rapprocher de son frère et d'occuper un poste de Vice-Kapellmeister mais, casanier, il a décliné l’offre (un choix qu'il a regretté tardivement).
- Enfin, en 1806, il a reçu la commande d'un second Requiem de la part de l'Impératrice Marie-Thérèse mais sa santé déclinante ne lui a pas permis d'honorer le contrat.
Pour conclure, je ne peux m'empêcher de rapprocher les destins de Michael Haydn et d'Antonio Salieri (1750-1825, 26 Variations sur la Folia, Opéra Kublai Khan). Tous deux ont côtoyé Wolfgang Mozart, le premier à la Cour de Salzbourg et le second à celle de l'Empereur Joseph II. Talentueux mais dépourvus du génie hors norme de leur rival, ils ont pourtant cumulé les honneurs matériels quand Wolfgang Mozart n'a récolté que des accessits. Ils ont même eu droit à des funérailles officielles quand Mozart a dû se contenter de la fosse commune. Outrée, l'Histoire s'est mise en devoir de rétablir l'échelle normale des valeurs, au risque, par réaction, de manquer d'égards suffisants à l'adresse de ses valeureux (mais pas malheureux) rivaux.