Genres musicaux

L'opéra (III) : De Beethoven à nos jours

L'opéra moderne et contemporain

Pendant la courte période qui a séparé les deux conflits mondiaux, le principe même de l'opéra a été remis en question au point que celui-ci a pu paraître menacé dans son existence, en cause une radicalisation de la notion de modalité en musique. Rappelons que tout mode particulier est une restriction assumée du nombre des notes utilisées dans la gamme chromatique, au départ d'une note de base. Jusqu'en 1900, les modes classiques, majeurs et mineurs (volontairement restreints à 7 notes, sauf altérations accidentelles tolérées), ont donné toute satisfaction aux chanteurs. Certains compositeurs s'en sont cependant lassés et on souhaité explorer d'autres possibilités liées à des modes exotiques (basés sur des traditions populaires évoluées, transylvaniennes, hongroises, tziganes, roumaines, etc) ou savants (reposant sur une arithmétisation imposée, Schönberg, Berg, Webern, Boulez, etc). Le mode chromatique équivaut à une absence de restricion donc à la prise en considération des 12 notes de la gamme chromatique. Utilisé sans la moindre restriction additionnelle, cette gamme ouvre la porte à des intervalles inusités trop larges qui privent le chant de l'élémentaire confort d'émission vocale. Cela crée un monde sonore périlleux pour les chanteurs et douloureux pour les auditeurs.

Si l'opéra n'a pas sombré comme prédit par certains, cela est dû à la cohorte des compositeurs qui ont résisté aux modes intellectuelles, au risque de passer pour rétrogrades. Cela s'est fait de toutes sortes de manières et cela a donné naissance à un opéra renouvelé qui n'est pas près de s'éteindre si l'on en juge au palmarès actuel.

 

Quelques opéras contemporains. Nouvelle cuisine et vieilles marmites http://operacritiques.free.fr/css/index.php?2012/07/23/2023-une-brassee-de-bons-operas-contemporains-classes-par-courants

L'Allemagne et l'Autriche

Le mouvement atonal emmené à ses débuts par Josef Mathias Hauer (1883-1959) (surtout pour la postérité) par Arnold Schönberg (1874-1951) avait peu de chance de convaincre à l'opéra, en cause une forme de maltraitance de la voix. De fait on monte rarement à la scène Salambo (1930) du premier nommé et Von heute auf morgen (1929) ou l'inachevé mais remarquable Moses und Aron (1932) du second. Parmi les (rares) élèves de Schönberg, seul Alban Berg (1885-1935) s'est imposé à la scène avec Wozzeck (1922), beaucoup moins avec l'inachevé Lulu (1934). L'inclassable Bernd Alois Zimmermann (1918-1970) s'est également illustré avec Die Soldaten (1964), une oeuvre qui superpose avec science et tintamarre les voix et les différents registres de l'orchestre. Ces oeuvres sont formellement déconseillées aux personnes neurasthéniques car elles ne feraient qu'aggraver leur cas : la noirceur de l'intrigue ne trouve aucune consolation dans une musique esentiellement consacrée aux effets techniques et sonores.

Ernst Toch (1887-1964) un musicien brillant et pourtant encore trop confidentiel a peu fréquenté l'opéra mais il l'a fait avec originalité dans Egon und Emilie (1928), une opéra de chambre assez déroutant. Toutefois, on ne devrait pas être éloigné de la vérité en confiant le "leadership" de la musique moderne allemande à Paul Hindemith (1895-1963), tour à tour néoclassique, expressionniste, dadaïste, motoriste, ..., il y en a pour tous les goûts. Commencez par les trois opéras de jeunesse, en un acte, Mörder, Hoffnung der Frauen (1921), Das Nusch-Nuschi (1921) et Sancta Susanna (1922), avant d'aborder Cardillac (1926), Neues von Tage (1929), Mathis der Maler (1938), Die Harmonie der Welt (1957) et Das lange Weihnachtsmahl (1960). et Kurt Weill (1900-1950).

De même Karl Amadeus Hartmann (1905-1963) s'impose à une époque où tous les modernismes se cotoient (Wachsfigurenkabinett, 1930, en fait 5 oeuvres courtes enchaînées en mode "comedia dell'arte" à l'allemande, et l'ambitieux Simplicius Simplicissimus, 1935, il vaut la peine de fouiller la toile pour d'autres extraits).

Vous aurez probablement plus de mal à digérer les oeuvres de Hans Werner Henze (Boulevard Solitude, 1952) ou de Karlheinz Stockhausen (1928-2007) sauf si vous commencez par le 4ème acte de Samstag aus Licht (Luzifers Abschied).

Kurt Schwertsik (1935- ) fait preuve d'une belle originalité dans Chalifa und die Affen et on pourrait presqu'en dire autant de l'iconoclaste Heinz Karl Gruber (1947- ) dans Frankenstein,

Siegfried Matthus (1934-2021) a été très actif sur divereses scènes du théâtre musical allemand pour lequel il a composé une douzaine d'oeuvres jouées essentiellement (et régulièrement) de l'autre côté du Rhin (Judith,1985, Graf Mirabeau, 1988). Idem Aribert Reimann (1936- ) (Lear, 1978 et Medea, 2007).

Manfred Trojahn (1949- ) (Oreste, 2011) et Wolfgange Rihm (1952- ) (Jakob Lenz, 1978, Die Hamletmaschine, 1986, Oedipus, 1987), Die Eroberung von Mexico, 1991, Séraphin, 1994, et Dionysos, 2010) et Georg Friedrich Haas (1953- ) (Bluthaus, 2011), me paraissent moins à l'aise à la scène qu'en musique instrumentale.

Si vous êtes sorti fatigué par tant de complexité, adoptez Johanna Doderer (1969- ), adepte de la nouvelle simplicité. Son sens de la mélodie était évident dès Astraios et il s'est confirmé à la scène dans une série d'opéras hélas pas encore disponibles à l'écoute, à l'exception de Der leuchtende Fluss (2010).

L'Italie

L'école italienne s'est désespérément accrochée à la longue tradition lyrique qui lui avait si bien réussi jusqu'alors. Elle n'a guère parié sur l'avenir, le modernisme y trouvant peu sa place. Entre Franco Alfano (1875-1954) (Cyrano de Bergerac, 1935) et Flavio Testi (1923-2014) (Saül, 1991), on a le choix entre deux traditionalistes, Nino Rota (1911-1979) et Gian Carlo Menotti (1911-2007), Rota est surtout connu pour ses musiques de films mais il a aussi composé une douzaine d'opéras oscillant entre la fantaisie légère dans Il cappello di paglia di Firenze (1955, qui s'ouvre sur un pastiche mozartien proche de l'opérette) et le drame dans La Notte de un Nevrastenico (1959). Dans tous les cas, le cinéma n'est jamais bien loin. Quant à Menotti, il est apparu comme le dernier musicien italien essentiellement engagé dans l'opéra. Emigré aux USA dont il a adopté les moeurs musicales, il a tenté de greffer à l'anglais le potentiel lyrique de la langue italienne dans un style apparenté à celui de Samuel Barber (Cf infra). The Medium (1945) est l'oeuvre qui l'a rendu célèbre (surtout) dans son pays d'adoption mais il en existe d'autres plutôt bien conçues.

Seuls Luigi Dallapiccola (1904-1975) (Il Prigioniero, 1949 et Ulisse, 1968) et dans une (bien) moindre mesure Luigi Nono (1924-1990) (Al Gran Sole Carico D'Amore, 1975, une Action théâtrale convertie de fait en opéra) ont fait preuve d'inventivité.

Maria di Venosa (Francesco d'Avalos (1930-2014)

La France

L'école française a connu une période sombre pendant la mainmise de Pierre Boulez sur l'orientation générale d'une école disciplinée (environ 1955-1985). La généralisation du sérialisme à tous les paramètres sonores était de fait un obstacle rédhibitoire à l'épanouissement d'un chant digne de ce nom.

Deux oeuvres fameuses ont encadré cette période troublée : Pelléas et Mélisande (1898, exigez la direction de Karajan), de Claude Debussy et (son écho contemporain) Saint François d'Assise (1983), d'Olivier Messiaen.

Quelques musiciens brillants ont navigué à l'abri des modes et des diktats entre ces deux repères incontournables,

- en amont, Maurice Ravel (1875-1937) (L'Heure espagnole, 1911, et L'Enfant et les Sortilèges, 1925, deux oeuvres scéniques davantage que grands opéras), Darius Milhaud (1892-1974) (Le pauvre Matelot, 1927; Christophe Colomb, 1930) et Francis Poulenc (1899-1963) (Splendide Dialogue des Carmélites, 1955),

- et en aval, Michaël Levinas (1949- ) (Les Nègres, 2003), Michèle Reverdy (1943- ) (Médée, 2001), Pascal Dusapin (1955- ) est sans doute le compositeur français le plus et le mieux investi dans l'opéra avec une douzaine d'oeuvres à son actif dont Faustus, the last Night (créé en 2006 à Berlin), Penthesilea (créé en 2015 à Bruxelles) et Il Viaggio, Dante (créé en 2022 à Aix en Provence), c'est assez dire la renommée internationale de l'auteur.

L'alter ego belge de Pascal Dusapin pourrait être Philippe Boesmans (1936-2022), flamand de naissance acquis à la culture française, a consacré l'essentiel de son oeuvre à l'opéra, sans doute davantage par opportunisme que par conviction profonde : flairant la bonne affaire, le Théâtre de la Monnaie (Bruxelles) n'a jamais cessé de lui commander de nouvelles oeuvres ( ? au total) qui ne lui ont (malheureusement) laissé que fort peu de temps pour des oeuvres instrumentales où il aurait brillé différemment. Peu à l'aise à ses débuts avec la langue française (La passion de Gilles, 1983) il a opté pour des livrets en allemand (Reigen, 1993; Wintermärchen, 1999, jusqu'à ce qu'il se soit senti près à affronter la langue de Voltaire (Julie, 2005; Yvonne princesse de Bourgogne, 2009; Au Monde, 2014; Pinocchio, 2017 et On purge Bébé, 2022). Comme beaucoup de compositeurs de son époque (Penderecki, Rautavaara, Schnittke, ...), Boesmans a été un temps pris au piège du modernisme à tout prix et comme la plupart d'entre-eux, il a (heureusement) réagi et ses dernières oeuvres ont retrouvé une réelle sérénité musicale qui situe son oeuvre scénique au sommet de la production opératique actuelle.

Les Pays nordiques

En Scandinavie, c'est sans doute la Finlande qui a le plus investi dans l'opéra. Elle a profité de son isolement géographique pour se maintenir à l'écart des aventures extravagantes de l'après-guerre occidentale. Si Joonas Kokkonen (1921-1996) a inititié le mouvement avec une oeuvre unique (The last Temptations, 1975), c'est assurément Aulis Sallinen (1935- ) qui l'a porté à son meilleur niveau (Ratsumies "Le Cavalier", 1974, Punainen viiva "La ligne rouge", 1978, Kuningas lähtee Ranskaan "Le Roi se rend en France", 1983, Kullervo, 1988, Palatsi "Le Palace", 1993, et Kuningas Lear "Le roi Lear", 1999, ..., tous n'ont pas été enregistrés, essentiellement chez Ondine et Finlandia). Einojuhani  Rautavaara (1928-2016) lui a emboîté le pas dans un genre qui lui a parfaitement convenu (Thomas, 1985, Vincent, 1987, Aleksis Kivi 1996, et le chef-d'oeuvre final Rasputin, 2012). Quant à Kaija Saariaho (1952- ), elle est actuellement installée en France, pays dont elle a adopté la langue et la prosodie, en particulier dans son oeuvre la plus aboutie, L'Amour de loin (2000).

Voici quelques points de repères finlandais incontournables :

  • Aarre Merikanto : Juha.
  • Joonas Kokkonen : The last Temptations .
  • Einojuhani Rautavaara : Thomas, Vincent, The House of the Sun , Aleksis Kivi, Rasputin.
  • Aulis Sallinen : The red Line, PunainenViiva, Kullervo, Palatsi (The Palace) .

Je suis quelque peu dépité de ne pas pouvoir vous proposer d'extraits musicaux de l'opéra, Paavo Nurmi, écrit par Tuomas Kantelinen (1969 - ) et super produit (un millier de figurants !) au stade olympique d'Helsinki en 2000 en hommage au coureur de fond bien connu des chroniqueurs sportifs. Il existe un film, diffusé en son temps par la chaîne Arte, qui témoigne de l'événement mais j'ai perdu sa trace.

Idem danois : On compte peu d'opéras authentiquement danois ayant fait le tour du monde. Mentionnons quand même ceux de Carl Nielsen, Saul et David (1902) et surtout l'irrésistible Masquerade (1906) dont l'ouverture est déjà tout un programme.

Pendant la seconde moitié du 20ème siècle, le prolifique Norgard a notamment composé Le Tivoli divin (1983), Gilgamesh (1973) - commencez par lui - et Siddharta (1983). Ces oeuvres ont été enregistrées chez DaCapo.

Plus récemment, The Handmaids Tale (En français : La Servante écarlate) (2000) de Poul Ruders a remporté un Classical Award à Cannes, en 2002. N'en tirez cependant pas prétexte pour commencer là votre initiation à la musique danoise, vous risqueriez d'être un brin désemparé !

Le Danemark et la Suède, si actifs en musique instrumentale n'ont guère été aussi attirés par le genre. Rued Langgaard (1893-1952) L'opéra sacré Antikrist est à coup sûr un chef-d'oeuvre. Per Norgard (1932- ) : l'o(pé)ratorio Nuit des Hommes ou Singe die Gärten.

Pendant la seconde moitié du 20ème siècle, le prolifique Norgard a notamment composé Le Tivoli divin (1983), Gilgamesh (1973) - commencez par lui - et Siddharta (1983). Ces oeuvres ont été enregistrées chez DaCapo.

Plus récemment, The Handmaids Tale (En français : La Servante écarlate) (2000) de Poul Ruders a remporté un Classical Award à Cannes, en 2002. N'en tirez cependant pas prétexte pour commencer là votre initiation à la musique danoise, vous risqueriez d'être un brin désemparé !

Enfin, descendant vers le Sud, il me paraît impensable de passer sous silence Writing to Vermeer (1999), le chef-d'oeuvre intemporel du néerlandais Louis Andriessen (1939-2021). L'extrait proposé n'est qu'un échantillon parmi d'autres, largement présents sur Youtube : prospectez et si vous êtes convaincus, procurez-vous l'enregistrement ! Andriessen a récidivé dans Theatre of the World (2015), une oeuvre baroque - au sens moderne (!) du terme - (Un enregistrement est paru chez Nonesuch).

L'Europe centrale

Bien qu'installé à Paris dès 1923, Bohuslav Martinu (1890-1959) est resté une gloire nationale dans sa Tchéquie natale. L'inspiration semblait ne jamais quitter ce musicien compulsif, auteur en particulier d'une bonne douzaine d'opéras en style néo-classique (r)affiné, allant d'une légèreté amusée (Ariane, 1958, en un seul acte) à une grandeur hiératique (La Passion grecque, 1957, cette fois en 4 actes), sans doute son chef-d'oeuvre. D'autres oeuvres, La Clef des Songes (1937) ou Mirandolina (1937), sont à découvrir absolument d'autant qu'il en existe de très beaux enregistrements généralement parus chez Supraphon sous la direction de grands chefs tchèques, Vaclav Neumann ou Jiri Bélohlavek. investis dans la défense de l'oeuvre de cette gloire nationale. Plusieurs livrets initialement rédigés en français ayant été traduits, vérifiez ce qu'il en est des enregistrements que vous préférez.

Le hongrois Bela Bartok (1881-1945) n'a composé qu'un seul opéra (Le Château de Barbe-Bleue, 1911) mais il s'impose comme l'un des chefs-d'oeuvre absolus du genre. Tout y est dit en un seul acte confrontant deux personnages seulement (mis à part un récitant facultatif en introduction), Barbe Bleue et son épouse Judith (Et non Ariane comme dans l'oeuvre inspiratrice de Maeterlinck dont le librettiste, Béla Balázs, a sciemment voulu se démarquer). Cette oeuvre qui puise son pouvoir d'enchantement dans un recours à des intervalles de la musique modale hongroise a été enregistrée un nombre considérable de fois et je reste sous la fascination de l'interprétation de Bernard Haitink qui m'a révélé l'oeuvre. György Ligeti (1923-2006)

Le roumain Georges Enescu (1881-1955) n'a composé qu'un seul opéra (Oedipe, 1931) et il s'impose comme l'une des oeuvres-phares de l'entre-deux guerres. Son style et nettement plus complexe que celui de Martinu tout en demeurant constamment accessible.

Plus récemment Peter Eötvös (1944- ) surtout connu comme chef se mettant en priorité au service de la musique d'aujourd'hui est également compositeur. Son opéra Les 3 Soeurs, créé à Lyon, a connu davantage qu'un succès d'estime.

L'Europe de l'Est

En Russie, les grands classiques ont toujours la cote :

- Igor Stravinsky (1882-1971) est resté fidèle à l'âme russe malgré ses exils successifs (France, Suisse, USA). Dès ses premiers opéras, le compositeur a cassé les codes proposant des oeuvres échappant aux modèles usuels : Le Rossignol (1914, conte lyrique), Mavra (1922, opéra bouffe), Oedipus Rex (1927, opéra-oratorio avec récitant) et Perséphone (1934, mélodrame). Installé aux USA depuis 1940, Stravinsky est revenu à l'opéra dans une oeuvre jugée improbable par les critiques de l'époque mais qui s'est imposée par la force de l'évidence : The Rake's Progress (1951).

- Serge Prokofiev (1891-1953) a composé 8 opéras de valeurs inégales : Guerre et Paix, 1941, Les Fiançailles au Couvent, 1941, L'Ange de Feu, 1919, Le Joueur, 1916, L'Amour des Trois Oranges, 1921, …, mais au disque, il n'a pas trouvé beaucoup d'éditeurs pour le servir dans de bonnes conditions.

- Dimitri Schostakovitch (1906-1975) Le Nez (1928), Lady Macbeth du District de Mtsensk (1934, Remanié et édulcoré sous le titre Katerina Ismailova en 1958 pour franchir la censure mais la version primitive garde la cote), Les Joueurs (1942, inachevé).   Mieczyslaw Weinberg (1919-1996) ???,

- Rodion Shchedrin (1932- ) Les Ames mortes (1976) mais Alfred Schnittke (1934-1998) peu heureux avec La Vie avec un idiot, Nikolai Karetnikov (1930-1994) (Formidable Till Eulenspiegel, 1985, The Mystery of The Apostle Paul, 1987).

En Pologne, Krzysztof Penderecki (1933-2020) (Ubu Rex, Les Diables de Loudun), Penderecki Ubu Rex Armel Opera Festival (Budapest) ,

Les pays anglo-saxons

Après un silence quasiment séculaire, les musiciens anglo-saxons (Essentiellement du Royaume-Uni puis des USA), ont investi le monde de l'opéra à partir des années 1900. Ils sont actuellement plus que jamais présents.

Royaume-Uni. Ralph Vaughan-Williams (1872-1968), si pesant dans sa musique symphonique, (me) convainc davantage dans quelques oeuvres lyriques d'une légèreté inattendue : The Wasps (1909, "Les Guêpes", d'après Aristophane) et l'extravagante pochade The Poisoned Kiss (1929), dont je ne peux hélas provisoirement vous proposer qu'un trop court extrait.

William Walton (1902-1983) est encore trop peu connu sur le Continent et pourtant ses deux opéras Troilus et Cressida (1954) et The Bear (1967) comptent parmi les meilleures oeuvres du genre écrites au 20ème siècle, surtout que Richard Hickox l'a enregistré pour Chandos (Sensationnel !). Michael Tippett (1905-1998) (The Ice Break, 1976, et New Year, 1988).

Le Maître de l'école anglo-saxonne moderne a été Benjamin Britten (1913-1976), ne serait-ce que parce qu'il a démontré une connaissance profonde du traitement de la voix dans une bonne douzaine d'oeuvres remarquables : Peter Grimes, Gloriana, The Turn of the Screw,

Il devenait difficile de oncurencer un tel maître et de fait, malgré des qualités indéniables, les oeuvres de Malcolm Arnold (1921-2006) (The dancing Master), Michael Nyman (1944- ) (The Man who mistook his Wife for a Hat, 1987) et Mark-Anthony Turnage (1960- ) (Anna Nicole, 2011) n'atteignent pas un niveau d'urgence comparable.

USA. L'opéra s'est développé aux USA à peu près en même temps qu'au Royaume-Uni, sauf qu'il a emprunté une courbe ascendante déjà observée à propos d'autres genres majeurs (Symphonie et Quatuor) et que rien ne semble interrompre.

L'opéra est un genre florissant aux USA, d'ailleurs la plupart des grandes villes possèdent leur théâtre lyrique, San Francisco, Chicago, Houston, Dallas, Minnesota, Seattle, Miami, ... et bien sûr New York dont le Metropolitan Opera (The Met pour les intimes) peut accueillir 4000 personnes ! On y joue évidemment les grandes oeuvres du répertoire mais on y crée aussi beaucoup d'oeuvres nouvelles, bien plus que dans n'importe quel pays européen, y compris la Finlande. De fait, chaque compagnie fait de son mieux pour proposer à ses abonnés au moins une création chaque année, ... sans leur garantir pour autant que l'oeuvre méritera une reprise !

Certains américains adorent l'opéra mais pas tous les américains, loin de là, d'où le genre passe pour élitiste dans toutes les couches de la société. S'il l'est effectivement, c'est parce qu'il incarne une forme de résistance de l'intelligentsia à la toute-puissance de la comédie musicale et tant pis si on lui reproche d'être âgée, blanche et aisée.

On imagine que la présence sur le sol américain de nombreux immigrés italiens ne fut pas pour rien dans l'engouement pour le bel canto et, de fait, le Met connut ses premières séances mémorables lorsque le Grand Enrico Caruso (1873-1921) y interpréta le rôle-titre dans Rigoletto, de Verdi, en 1903. Depuis cette époque, le Met attire les plus grandes stars de l'art lyrique et on lui reproche à juste titre d'avoir fait monter les enchères pour les monopoliser à coups de dollars.

Les maisons d'opéra ont tenté d'élargir le répertoire européen souvent confiné autour d'une vingtaine d'oeuvres immuables. Elles l'ont fait avec prudence, préservant autant que possible le caractère chantant d'une action plus ou moins contemporaine. Aucun des acteurs qui ont incarné le renouveau musical américain, Ives, Copland, Harris, Hovhaness, Persichetti, Lees, ..., n'a participé à cette entreprise, laissant le "chant" libre à des outsiders heureux de monopoliser les scènes. Seul Howard Hanson a bien écrit "Merry Mount" mais l'oeuvre est tombée aux oubliettes

Vous trouverez ci-après quelques oeuvres scéniques parues au cours des 100 dernières années. Leur date de création est mentionnée, ce qui est encore le meilleur moyen de les situer dans le temps; malheureusement les enregistrements manquent parfois. Toutes ces oeuvres ne sont pas de qualités égales comme cela a été le cas à toutes les époques et sous toutes les latitudes (Il suffit de voir à quoi se réduit le grand répertoire classique !) mais c'est le prix à payer pour une production abondante :

George Gershwin (Blue Monday (1922), Porgy and Bess (1927)), Gian Carlo Menotti, un italien débarqué à 17 ans, en 1928, qui n'a jamais oublié l'art du chant de ses compatriotes (Le Médium (1946), Le Consul (1949)), Stravinsky, proposant un improbable (mais très réussi) opéra néoclassique chanté en anglais, The Rake's Progress (La Carrière du Libertin, 1951), Bernard Herrmann (Wuthering Heights (1951), à connaître !), Georg Antheil (The Brothers (1954) , excellent), Carlisle Floyd (Susannah (1955), procurez-vous le double CD dirigé par Kent Nagano avec Samuel Ramey impérial dans le rôle de Finch), Samuel Barber (Vanessa (1958), Antoine and Cleopatre (1966)), Robert Ward (The Crucible (1961), Prix Pulitzer l'année suivante), John Corigliano (Excellent Ghosts of Versailles (1983)), Dominick Argento (The Aspern Papers (1988), commence en 1:40; écoutez encore la très belle Suite orchestrale d'après The Dream of Valentino (1997)), André Prévin (A Streetcar Named Desire (1995), qui a dit qu'on n'écrivait plus pour la voix - Renée Fleming ! - et qu'importe si cela sonne comme du Korngold !), Tobias Picker (Emmeline (1996), commence en 1:30, An American Tragedy (2005)), Michael Daugherty (Jackie O (1997), tellement déjanté que je crains pour la tenue de route), Mark Adamo (Little Women (1998), Lysistrata (2005)), Richard Danielpour (Margaret Garner (2005), sur les traces de John Adams).

Et pour terminer la démonstration, voici quelques créations encore plus récentes dont certaines (Heggie !) ne se gênent pas pour rétropédaler ferme : Lewis Spratlan (Life is a Dream (2009), Prix Pulitzer l'année suivante, usurpé ?), Jake Heggie (Moby Dick (2010)), Kevin Puts (Silent Night (2011), Prix Pulitzer l'année suivante, mérité !, oeuvre suivie par le récent The manchurian Candidate (2015)), Missy Mazzoli (Song From the Uproar (2012)), Nico Muhly (Two Boys (2013)), Charles Wuorinen (Brokeback Mountain (2014)), Ricky Ian Gordon (27 (sic) (2014)), Matthew Aucoin (The orphic Moment (2016)), convenez qu'on ne chôme pas Outre-Atlantique et qu'il y en a pour tous les goûts !

Vous trouverez ci-après quelques oeuvres scéniques parues au cours des 100 dernières années. Leur date de création est mentionnée, ce qui est encore le meilleur moyen de les situer dans le temps; malheureusement les enregistrements manquent parfois. Toutes ces oeuvres ne sont pas de qualités égales comme cela a été le cas à toutes les époques et sous toutes les latitudes (Il suffit de voir à quoi se réduit le grand répertoire classique !) mais c'est le prix à payer pour une production abondante :

On ne peut s'empêcher de penser que l'opéra américian a bénéficié d'un coup de pouce du destin administré par quelques immigrés célèbres (déjà évoqués, Korngold, Hermann, Stravinsky, Menotti) et venus initier le Nouveau Monde à l'opéra. Forts de leurs expériences accumulées, les "premiers" natifs américains ont pris une relève on ne peut plus éclectique, couvrant de fait toutes les courants esthétiques et les élargissant sans se soucier des modes et des chapelles qui paralysaient de plus en plus la "Vieille Europe" : George Gershwin (1898-1937) (Blue Monday, 1922 et Porgy and Bess, 1927), Georg Antheil (1900-1959) (The Brothers (1954) , excellent), Samuel Barber (1910-1981) (Vanessa, 1958 et Antoine and Cleopatre, 1966), Robert Ward (1917-2013) (The Crucible, 1961, Prix Pulitzer l'année suivante), Leonard Bernstein (1918-1990) (Trouble in Tahiti, 1952, A quiet Place, 1984 et Candide, opérette revisée en opéra en 1982/9), Carlisle Floyd (1926-2021) (Susannah (1955), procurez-vous le double CD dirigé par Kent Nagano avec Samuel Ramey impérial dans le rôle de Finch), , Charles Wuorinen (1938-2020) (Brokeback Mountain (2014)), John Corigliano (1938- ) (Excellent Ghosts of Versailles (1983)), Dominick Argento (1927-2019) (The Aspern Papers (1988), commence en 1:40; écoutez encore la très belle Suite orchestrale d'après The Dream of Valentino (1997)), André Prévin (1929-2019) (A Streetcar Named Desire (1995), qui a dit qu'on n'était plus capable de servir la voix - Renée Fleming ! - et qu'importe si cela sonne comme du Korngold !), Tobias Picker (1954- ) (Thérèse Raquin, 2000, Emmeline, An American Tragedy, 2005), Michael Daugherty (1954- ) (Jackie O, 1997, tellement déjanté que je crains pour la tenue de route), Mark Adamo (1962- ) (Little Women, 1998), Lysistrata, 2005), Richard Danielpour (1956- ) (Margaret Garner, 2005, sur les traces de John Adams).

Et pour terminer la démonstration que c'est bien aux USA que l'opéra a trouvé une nouvelle jeunesse, voici quelques créations encore plus récentes dont certaines (Heggie !) ne se gênent pas pour rétropédaler ferme : Lewis Spratlan (1940- ) (Life is a Dream, 2009), Jake Heggie (1961- ) (Moby Dick (2010)), Kevin Puts (1972- ) (Silent Night (2011), Prix Pulitzer l'année suivante, mérité !, oeuvre suivie par le récent The manchurian Candidate (2015)), Missy Mazzoli (1980- ) (Song From the Uproar (2012)), Nico Muhly (1981- ) (Two Boys (2013)), Ricky Ian Gordon (1956- ) (27 (sic) (2014)), Matthew Aucoin (1990- ) (The orphic Moment (2016)), convenez qu'il y en a pour tous les goûts !

Unsuk Chin (Alice in Wonderland)

A vrai dire deux musiciens, Philip Glass (1937- ) et John Adams (1947- ), manquent dans cette énumération. Leur importance dans le répertoire opératique contemporain réclame qu'on leur réserve une place à part afin de ne pas les noyer dans la masse :

Philip Glass
Philip Glass

- Philip Glass est le plus controversé, ayant inondé la scène d'un grand nombre de partitions de qualités fort inégales. Glass a construit sa réputation sur base de trois opéras incontestablement novateurs : Einstein on the Beach (1976), un chef-d'oeuvre commenté ici-même, tellement radical qu'il trône à ce jour dans un splendide isolement. ; Satyagraha, 1980, et Akhnaten, 1983, ont complété cet ensemble construit sur la mémoire de trois personnages historiques (Einstein, Gandhi et Akhénaton). A part Stravinsky, je ne connais personne qui ait composé trois oeuvres réussies aussi différentes en moins de dix ans (et même sans cette restriction).

Cette trilogie a été suivie d'une autre, 10 ans plus tard, sous la forme de 3 opéras de chambre en hommage à Jean Cocteau (Orphée, 1991, La Belle et la Bête, 1994 et surtout Les Enfants Terribles, 1996, pour 4 voix et 3 pianos).

Le compte n'y est pas encore car Glass a encore écrit, à ce jour :

- (au moins) 12 autres grands opéras (The Civil Wars (1984), Act V d'une oeuvre collective jamais achevée mais la contribution de Glass demeure exemplaire), The Making of the Representative for Planet 8 (1986), The Fall of the House of Usher (1988), The Voyage (1990), une commande du MET, White Raven (1991) revu sous la forme O Corvo Branco (1998), The Marriages between Zones Three, Four, and Five (1997), Galileo Galilei (2002), Waiting for the Barbarians (2005), Appomattox (2007), Kepler (2009), The Perfect American (2011, une commande du Teatro Real de Madrid), Spuren der Verirrten (The Lost) (2013), ..., et :

- 11 opéras de chambre à ne pas négliger (A Madrigal Opera (1980), The Photographer (1982), The Juniper Tree (1985), en collaboration avec Robert Moran), The Fall of the House of Usher (1988), 1000 Airplanes on the Roof (1988), Hydrogen Jukebox (1990), The Witches of Venice (1997), superbe Monsters of Grace (1998), In the Penal Colony (2000), The Sound of a Voice (2003), The Trial (2014), ... .

La critique (surtout) européenne est sévère avec Glass, qui lui reproche de (trop souvent) bâcler certaines oeuvres. Débordé par les commandes et incapable d'en refuser certaines il a de fait tendance à multiplier les tics d'écritures, en particulier des motifs continuellement arpégés. Par contre, il est absurde et injuste de prétendre qu'au bilan il n'aurait composé qu'une seule oeuvre répliquée à l'infini : rien que la Trilogie primitive démontre le contraire.

John Adams
John Adams

- John Adams a écrit un nombre nettement moindre d'opéras, 8 en tout, à condition de comptabiliser quelques oeuvres apparentées au genre (opera-oratorio) : Mythique Nixon in China (1987), The Death of Klinghoffer (1991), I Was Looking at the Ceiling and Then I Saw the Sky (1995, song play), El Niño (2000, opera-oratorio), Doctor Atomic (2005), A Flowering Tree (2006), The Gospel According to the Other Mary (opera-oratorio) (2013). Girls of the Golden West (2017) ressuscite étrangement l'esthétique de Puccini et Antony and Cleopatra (2022) est trop récent pour être disponible à l'écoute. La maîtrise technique déployée par Adams dans chacune de ses oeuvres place son auteur au premier rang des compositeurs (américains) actuels. La critique européenne sent bien qu'elle doit suivre si elle ne veut pas être ridicule alors il lui arrive de laisser sous-entendre des réticences sans être capable de les expliciter. Une piste toujours la même est que qu'au bilan d'une carrière déjà longue, le doute s'installe toutes les fois qu'une oeuvre nouvelle exige une surenchère dans les effets quand une inspiration foncière n'en aurait pas besoin.

https://www.cennarium.com/genre/opera/

La vitalité de la création américaine a assuré une forme de viablité pour des théâtres lyriques de plus en plus nombreux disséminés parmi quelques grandes villes américaines , San Francisco, Chicago, Houston, Dallas, Minnesota, Seattle, Miami, ... et bien sûr New York dont le Metropolitan Opera (The Met pour les intimes) peut accueillir 4000 personnes ! On y joue évidemment les grandes oeuvres du répertoire mais on y crée aussi beaucoup d'oeuvres nouvelles, bien plus que dans n'importe quel pays européen, y compris la Finlande. De fait, chaque compagnie fait de son mieux pour proposer à ses abonnés au moins une création chaque année, ... sans leur garantir pour autant que l'oeuvre méritera une reprise !

On imagine que la présence sur le sol américain de nombreux immigrés italiens ne fut pas pour rien dans l'engouement pour le bel canto et, de fait, le Met connut ses premières séances mémorables lorsque le Grand Enrico Caruso (1873-1921) y interpréta le rôle-titre dans Rigoletto, de Verdi, en 1903. Depuis cette époque, le Met attire les plus grandes stars de l'art lyrique et on lui reproche à juste titre d'avoir fait monter les enchères pour les monopoliser à coups de dollars.

en guise de Conclusion

L'inventaire qui précède ne saurait être complet ni près de l'être un jour, même en se concentrant sur les oeuvres présumées significatives. Sauf à y passer ses jours et ses nuits, il est impossible d'être à jour. Dépité j'ai tenté l'expérience de l'intelligence artificielle (chatGPT) en lui demandant quelques références intéressant les 100 dernières années. Je n'ai reçu qu'une réponse utile mais elle est de valeur : le compositeur irlandais Donnacha Dennnehy (1970- ) vient de compléter une trilogie (The last Hotel, 2015, The second Violinist, 2017, et The first Child, 2021) et je ne suis pas mécontent d'entendre un extrait du premier cité. Il est apparemment le seul enregistré à ce jour et disponible (à l'écoute partielle et à l'achat) ici.

Pourquoi va-t-on à l'opéra ? Chacun de ses éléments constitutifs apporte une réponse possible : l'amateur de chant lyrique s'intéresse à la voix, les autres sont davantage attentifs à la mise en scène car le livret est imposé à tous.

On a régulièrement prédit l'extinction de ce spectacle improbable au motif que ses nombreuses conventions compromettaient sa survie mais, en fait, il n'a jamais cessé de bien se porter. Plusieurs problèmes demeurent en suspens qui concernent essentiellement les compositeurs. Plus personne ne pourrait produire des opéras par dizaines comme cela s'est produit par le passé. Les raisons sont diverses mais elles se ramènent à une seule que l'écriture d'un opéra demande beaucoup de temps et surtout bien davantage aujourd'hui que par le passé. Jadis, la préoccupation essentielle de l'auteur était d'enfiler les airs à plus ou moins grands succès et cette possibilité ne tenait qu'à son imagination mélodique. A cette époque où tout était à découvrir dans l'univers tonal, il suffisait de se baisser pour ramasser à condition d'être doué pour l'exercice.

Note. On ne peut manquer d'évoquer le cas similaire de la mécanique physique mise en marche par Isaac Newton etet prolongée par les travaux d'une cohorte de physiciens (Laplace, Lagrange, Clairaut, Hamilton, etc) qui se sont appliqués à défricher un terrain encore jamais encore exploré.

L'époque actuelle a introduit deux difficultés : d'une part il devient de plus en plus difficile d'innover mélodiquement parlant. On pourrait tenter de contourner le problème en sortant du cadre strictement tonal et d'une certaine façon c'est ce qui s'est majoritairement essayé à l'époque contemporaine. Toutefois l'abandon de la mélodie pour elle-même a contraint les compositeurs à davantage de soin dans le raffinement de l'écriture orchestrale et c'est là que le bât s'est mis à blesser car ce soin accru a entraîné de longs délais dans l'acte de composition. L'exemple du compositeur belge Philippe Boesmans est éclairant à cet égard : voilà un musicien prodigieusement doué pour trouver des combinaisons instrumentales capables d'accompagner la voix. Le résultat de l'exercice a été une dizaine d'oeuvres d'excellentes factures, écrites pour répondre à des commandes émanant du Théâtre de la Monnaie à Bruxelles, qui sont nées au prix d'une raréfaction regrettée de l'oeuvre instrumentale pour laquelle il était encore plus doué.

Plus vivant que jamais, il tente même de séduire un public de plus en plus jeune, Car contrairement à une idée répandue, l'opéra n'est pas un art élitiste - aucun BAC n'est requis - et il est accessible à tout le monde qui a des oreilles et un coeur prêts à vibrer au mystère de la voix nue.

Un opéra est rarement concis et il peine souvent (volontairement) à se mettre en place, commençant par mettre en scène des acteurs secondaires dont on n'entendra plus parler par la suite; il ne semblent être là que pour permettre un démarrage de l'action en douceur donc pour ménager une progression dramatique. Il existe au contraire des opéras en un acte qui resserrent l'action sans tomber dans ce piège.

(Actuellement des salles de cinéma ou des chaînes TV spécialisées (Mezzo, Brava, Stringway, ...) diffusent de grandes mises en scène du MET ou d'ailleurs

Porpora, Gassmann, Galuppi,