Compositeurs négligés

E. Mayer, M. Jaëll, E. Smyth & A. Holmès, compositrices romantiques

Le rôle subalterne que les compositrices occupent traditionnellement dans les Histoires de la Musique savante occidentale demeure un sujet de débat et la question se pose de le revisiter toutes les fois que les maisons d'édition proposent des enregistrements inédits.

Précisons que la question ne se pose pas dans le domaine de l'interprétation musicale, essentiellement violon et piano où, qu'elles soient solistes ou concertistes, les musiciennes occupent le terrain à parité égale. Mieux, en Musique ancienne, singulièrement dans la pratique du chant et plus généralement des instruments à sons variables (violon, etc), elles s'imposent grâce à un sens apparemment inné de la justesse musicale.

En musique baroque, vous trouverez sur ce site les portraits de Francesca Caccini (1587-1641), Barbara Strozzi (1619-1677) et Elisabeth Jacquet de la Guerre (1665-1729) mais j'aurais pu en proposer d'autres centrés sur Maddalena Casulana (1544-1590) (Madrigali), Lucrezia Orsina Vizzana (1590-1662) (Motetti concertati) ou Camilla de Rossi (1670-1710) (Il Sacrifizio di Abramo).

A l'ère classique, vous ne pouvez ignorer (les oeuvres disponibles de) Maria Rosa Coccia (1759-1833), Hélène de Montgeroult (1764-1836) ou Marie Bigot (1786-1820). Peu connue, celle-ci a pourtant côtoyé les meilleurs représentants de la première école viennoise dont Beethoven, un fait assez rare pour être mentionné.

C'est en romantisme que l'affaire s'est corsée car si le nombre des compositrices y a explosé, le bilan s'est dessiné en dents de scie. A tort et à travers, le 19ème siècle a propagé l'idée selon laquelle les femmes ne sont pas armées pour composer de la "grande" musique. Si d'aventure une dame démontrait le contraire, il se trouvait toujours un homme pour relativiser et justifier que si exception il y avait, elle ne faisait que confirmer la règle. Ainsi lorsque Hector Berlioz a rendu les armes face à Louise Bertin (1805-1877) (ici en chronique avec sa contemporaine Louise Farrenc (1804-1875)), il s'en est tiré par cette boutade peu galante : "Mme Bertin compose comme un homme", un vrai cas d'école.

Dans la même veine : dans un article paru dans La Liberté (novembre 1880), on peut lire le commentaire (abrégé) suivant, sous la plume de Victorin Joncières (1839-1903), un musicien estimable (Symphonie romantique) mais pas forcément meilleur que les collègues qu'il éreinte :

La plupart des femmes qui composent ne produisent en général que des oeuvres assez médiocres; les mieux douées écrivent ce qu'on appelle dans le monde de fort jolies choses, c'est gracieux, élégant, d'un idéal bourgeois suffisamment poétique pour leur mériter les louanges des gens bien élevés (...) mais, au point de vue du grand art (lyrique), cela manque absolument de portée et ne dépasse pas le niveau des élucubrations d'amateurs qu'on applaudit dans les salons. (.... Puis il tempère maladroitement :) Mlle Augusta Holmès fait exception à la règle. Sa musique a une vigueur, une virilité, un enthousiasme, qui méritent mieux que ces éloges banals qu'on accorde d'ordinaire aux femmes-compositeurs.

Ainsi pour plaire à Monsieur Joncières, une musique devrait être vigoureuse et ... virile, voilà un raisonnement qui part sur de bien mauvaises bases ! Il est vrai que parmi la foule des musiciennes qui se sont adonnées à la composition à cette époque, nombre d'entre elles l'ont fait en dilettantes et cela a eu pour effet de nuire à toutes celles qui se sont investies professionnellement dans leur art. Pour aborder sainement le débat, une bonne entrée en matière consiste à se mettre à l'écoute du coffret édité par la Fondation Bru Zane (6CD) et consacré à quelques compositrices romantiques françaises : à côté d'oeuvres effectivement banales, on y entend de très belles choses tel ce Quintette-Fantaisie (n°28 à 31) de Rita Strohl (1865-1941), une oeuvre où le charme rivalise avec la distinction.

preuve par quatre

Une évaluation raisonnée de l'apport des compositrices à la tradition savante occidentale ne peut en aucun cas se contenter d'un Bottin (musical) tel celui proposé par Wikipedia où, toutes époques confondues, ces dames sont classées par ordre chronologique. Cette liste a beau être longue, elle est au bilan de peu d'intérêt car elle n'opère aucun tri utile au lecteur, sur fond d'écoutes répétées.

Une étude davantage pertinente a été réalisée par Arno Lücker (250 Komponistinnen, un ouvrage en allemand, disponible en version numérique). Comme son titre l'indique, elle propose 250 portraits de compositrices ayant vécu au cours du dernier millénaire. Pour chacune, une oeuvre est proposée à l'écoute toutes les fois que cela s'est avéré possible (Elles sont rassemblées ici, ne passez pas à côté de cette mine : n°33, 34, 44, 62, 79, 90, 102, etc, il y en a pour tous les goûts, surtout au 20ème siècle). Le seul reproche qu'on peut lui faire est de perdre involontairement le lecteur dans un inventaire qui ne prend jamais le parti d'oser une échelle des valeurs.

L'approche qui suit est plus modeste mais elle a au moins le mérite de se concentrer sur 4 musiciennes romantiques aux talents incontestables. Toutes sont nées (peu) avant 1850, une façon de rendre les comparaisons équitables. Si aucune n'a révolutionné l'Histoire de la Musique, toutes ont fait aussi bien que leurs honorés collègues masculins de l'époque tels, simples comparaisons, Elgar en Angleterre, Loewe en Allemagne ou Massenet en France. Note. Pour rappel, outre Louise Bertin et Louise Farrenc, déjà mentionnées, d'autres chroniques présentes sur ce site ont été consacrées à Clara Wieck-Schumann (1819-1896), Pauline Viardot (1821-1910), Mélanie Bonis (1858-1937), Ella Adaïewsky (1846-1926) et Florence Price (1887-1953). Enfin ne manquez pas Musique moderne au féminin, qui propose un large inventaire parmi les meilleures compositrices de l'ère moderne, sans compter les chroniques consacrées à Kaija Saariaho (1952-2023) et Lera Auerbach (1963- ).

Emilie Mayer (1812-1883)
Emilie Mayer
Emilie Mayer

Emilie Mayer est née à Friedland, une petite ville allemande proche de la frontière polonaise. Personne dans son entourage familial ne l'a incitée à entrer en musique (Son père était pharmacien et sa mère est morte quand elle avait 2 ans). Certes elle jouait du piano dès l'âge de cinq ans mais cela ne faisait pas d'elle une enfant prodige pour autant. En 1840, son père a connu une fin tragique, lui laissant assez de bien en héritage pour n'avoir pas à s'encombrer d'un mari. Elle a ainsi pu vivre sa double passion pour la musique et la sculpture. Elle a pris des leçons de composition auprès de Carl Loewe (1796-1869), un musicien a priori mineur dont j'ai loué plus d'une fois les compétences dans ces chroniques (Belle Symphonie en ré mineur, Concerto pour piano n°2). Cet écolage l'a manifestement marquée car toute son oeuvre, en particulier symphonique, s'en est incontestablement inspirée. Tenant salon à Berlin, cette dame a impressionné la société de son temps, héritant du surnom exagérément et d'ailleurs inutilement flatteur de "Beethoven au féminin".

Elle a composé 8 Symphonies dont vous trouverez de larges extraits ici, fruits d'enregistrements parus chez Capriccio, CPO et Hänssler. Autant vous avertir, une certaine confusion y règne du fait que certaines partitions n'ont pas été éditées et/ou ont disparu. Par exemple, 1) la symphonie n°4 a été reconstituée (par S. Malzew, beau travail !) sur base d'une réduction existante pour piano; 2) les symphonies n°5 et 7 sont souvent confondues (d'où je conclus que l'une - mais laquelle ? - est perdue); et 3) la n°8 manque carrément à l'appel.

Ces oeuvres ont clairement bénéficié de l'enseignement de Loewe. Brillantes, on ne peut leur faire qu'un seul reproche, celui d'avoir été coulées dans un moule unique, ce qui rend caduque la référence au maître de Bonn. D'autres oeuvres symphoniques méritent votre détour : les Ouvertures de concert (en ut majeur, ré majeur, Faust; une dizaine d'autres sont perdues ou dorment encore dans les bibliothèques) et un beau Concerto pour piano en si bémol majeur.

Sa musique de chambre n'est pas moins intéressante dont 7 Quatuors à cordes enregistrés chez CPO (sol mineur), deux Quatuors à clavier (sol majeur et mi bémol majeur), 8 Trios (ré majeur), enfin cette Sonate en ré mineur.

Un catalogue présumé complet est consultable à cette adresse.

Emilie mayer : Symphonie n°4
Emilie mayer : Quatuors à clavier
Ethel Smyth (1858-1944)
Ethel Smyth
Ethel Smyth

Ethel Smyth est née à Sidcup, près de Londres, d'une mère française et d'un père britannique. A 12 ans elle voulait déjà être compositrice et, malgré l'hostilité de ses parents, elle est parvenue à ses fins, devenant la première femme à fréquenter la fameuse École supérieure de musique de Leipzig, fondée par Felix Mendelssohn en 1843. Elle y a rencontré Johannes Brahms, Clara Schumann et Piotr Ilitch Tchaïkovski, qui l'ont encouragée à persévérer.

Militante active au sein du mouvement des suffragettes, elle lui a concocté son Hymne "The March of the Women", rassurez-vous pas sa meilleure oeuvre ! Elle a également bravé les normes de son temps en assumant son homosexualité en compagnie de dames de la haute société, une précaution utile à cette époque. On ignore si ce mode de vie a facilité son engagement artistique mais le fait est que son catalogue comprend une centaine de partitions appartenant à tous les genres majeurs :

- L'oeuvre pour piano a été enregistrée par Liana Serbescu, chez CPO,
- Sa musique de chambre est constamment inspirée : Trio en ré mineur, Quatuors et Quintette à cordes (Ne manquez pas le bel andante du Quatuor en mi mineur),
- Sa musique purement symphonique est peu présente (Sérénade en ré majeur, Concerto pour violon et cor) mais il n'en va pas de même de sa musique vocale, un domaine où elle a véritablement excellé (The Song of Love, Messe en ré, The Prison). Deux de ses opéras ont même connu les honneurs de beaux enregistrements : Der Wald et surtout le chef d'oeuvre incontournable, The Wreckers (Fouillez la toile pour d'autres extraits ou procurez-vous l'excellent enregistrement paru chez Conifer).

Ethel Smyth : The wreckers
Ethel Smyth : Oeuvres pour orchestre
Marie Jaëll (1846-1925)
Marie Jaëll
Marie Jaëll

Marie Jaëll est née Trautmann à Steinseltz (en Alsace), au sein d'une famille aisée a priori peu concernée par la musique. C'était sans compter sur l'implication d'une mère protestante instruite, Christine Schopfer, capable de veiller au développement de sa progéniture, un phénomène typique de l'Est alsacien (Cf la chronique consacrée à Charles Koechlin) : lorsque sa fille a (tôt) manifesté un intérêt pour le piano, elle s'est impliquée à tous les niveaux de son éducation musicale, se démenant en particulier pour la produire en public dès l'âge de 10 ans, puis la mettre en contact avec des compositeurs influents de l'époque, Ignaz Moscheles (1794-1870), Gioacchino Rossini (1792-1868) et surtout Henri Herz (1803-1888), professeur réputé au Conservatoire de Paris, qui l'a admise en cours privé. Entrée audit conservatoire à 16 ans, elle en est sortie en un temps record puis s'est mise à voyager. C'est lors d'une tournée à Baden-Baden qu'elle a rencontré le pianiste-virtuose, Alfred Jaëll (1832-1882), connu pour ses transcriptions à la mode (Tristan de Wagner) et qu'elle l'a épousé à 20 ans seulement.

Marie ne songeait pas du tout au mariage mais sa mère ne l'entendait pas de cette oreille, qui y a vu l'occasion de sceller une union entièrement tournée vers la musique. Fait remarquable, ce mariage a fonctionné sur un pied d’égalité lors des tournées communes où chacun a gardé sa personnalité : Alfred, élève de Chopin, jouait en finesse, tandis que Marie, admiratrice de Liszt, était davantage impétueuse. Veuve à 26 ans, Marie Jaëll a poursuivi seule ses tournées et Paris l'a acclamée, au début des années 1890, lorsqu'elle a joué l'intégrale des sonates de Beethoven et l'essentiel des oeuvres de Liszt et Schumann, un véritable exploit.

Toutefois l'ambition de Marie Jaëll était de composer. Elle s'est donc tournée vers Liszt, son idole, qui l'a accueillie et initiée. Son oeuvre pour piano a dès lors pris de l'altitude, constituée essentiellement de recueils de pièces très éloignées des banalités que l'on entendait trop souvent dans les salons à cette époque. Un superbe enregistrement d'Alexandre Sorel illustre parfaitement cette description, qui propose (essentiellement) 6 Esquisses romantiques, 6 Valses mélancoliques et 7 Pièces pour enfants. Je ne m'en lasse pas, un signe qui ne me trompe pas. Ce que l'on entend, d'après une lecture de Dante (Dans l'enfer, le purgatoire, le paradis, soit 18 pièces magistrales réparties en 3 cycles), témoigne d'une inspiration profonde, à coup sûr un hommage à Liszt. Cette musique n'est pas si facile d'accès et l'enregistrement de Cora Irsen n'en est que plus précieux (Volume 2 d'une pseudo-intégrale parue chez Querstand).

Même si l'essentiel de l'oeuvre de Marie Jaëll est consacrée au piano, elle a également composé un peu de musique de chambre (Sonate pour violoncelle & piano), et trois beaux concertos, l'un pour violoncelle et les deux autres pour piano (n°1, n°2) où l'influence de Liszt est à nouveau bien présente même si l'orchestration n'est pas toujours à la hauteur de la partie pour clavier. Ossiane (n°48 & 49) est un Poème symphonique avec chant.

Marie Jaëll est par ailleurs passée à la postérité pour sa méthode de piano basée sur la maîtrise mentale de la souplesse du jeu tactile plutôt que sur l'exercice mécanique de la gymnastique des doigts (Pour quelques détails, Cf ce site).

Marie Jaëll : Oeuvres pour piano
Ethel Smyth : Oeuvres pour piano
Augusta Holmès (1847-1903)
Augusta Holmes
Augusta Holmès

Augusta Holmès est née en France, d'ascendance irlandaise. Jamais mariée bien que fort courtisée, en particulier mais en vain par Camille Saint-Saëns, elle a entretenu une longue liaison avec le poète Catulle Mendes (1841-1909), donnant naissance à quatre enfants. La qualité de son inspiration n'a cependant jamais faibli malgré les contraintes que l'on devine. Note. Engagé sur tous les fronts de la littérature de son temps, Mendes a inspiré nombre de musiciens qui ont mis ses vers en musique (Bizet, Hahn, Massenet, ...) ainsi que sa prose dans plusieurs livrets d'opéras (Gwendoline et Briseis de Chabrier, Rodrigue et Chimène de Debussy (inachevé), Ariane de Massenet, ...). Par contre il n'est pas l'auteur des livrets d'opéras de sa compagne : grande admiratrice de Wagner, celle-ci tenait à l'imiter en rédigeant ses propres intrigues.

Augusta Holmès possédait un sens mélodique qui saute aux oreilles dès que l'on entend Nocturne (en 1:13), La Nuit et l'Amour ou Trois anges sont venus ce soir. Elle a également fait preuve du sens de la construction dramatique, au sens wagnérien du terme, dans quelques Oeuvres symphoniques de haute tenue (Andromède, en 00:00, Allegro feroce, en 26:40 et Pologne, en 43:30, un brillant live de l'orchestre de Metz dirigé par David Reiland). Ecoutez encore sa Symphonie n°1 (Roland furieux), une oeuvre impétueuse digne des meilleurs poèmes symphoniques de l'époque (Liszt ou Franck) ! Une Symphonie n°2 (Lutèce) a suivi un an plus tard (1877) mais je n'en ai trouvé aucun enregistrement. Augusta Holmès a aussi composé plusieurs opéras (demeurés inédits) auxquels on reproche seulement la faiblesse des livrets, entièrement de sa plume. Seul La Montagne noire a connu le succès à Paris et des reprises à Londres et New York; il est actuellement (2024) à l'affiche du Théâtre de Dortmund. Le catalogue des oeuvres d'Augusta Holmès est considérable et on ne peut que déplorer que tant d'oeuvres attendent encore un enregistrement.

Augusta Holmes : Oeuvres pour orchestre
Augusta Holmes : Oeuvres vocales

Epilogue

En écoutant ces compositrices qui comptent parmi les meilleurs de l'époque romantique, on peut tenter de mieux cerner l'origine de l'idée reçue selon laquelle aucune n'égalerait les collègues masculins.

Cela semble évident et même inévitable s'il s'agit de les comparer à Bach, Mozart ou Beethoven, mais après tout cela vaut tout autant pour les musiciens-hommes !

Cependant cela reste vrai si on les compare à Monteverdi, Rameau, Haendel, Haydn, Schubert, Mendelssohn, Schumann, Wagner, Brahms, etc. Produire une oeuvre ambitieuse et/ou innovante demande une disponibilité d'esprit dont nombre de musiciennes des siècles passés n'ont pas bénéficié. A cet égard, trois des compositrices évoquées ci-avant ont diversement préservé leur indépendance; par contre, Augusta Holmès s'est sentie piégée par les maternités et, de fait, elle s'en est plainte maintes fois. Note. A l'appui de cette thèse, on ne peut s'empêcher, de remarquer : 1) que nombre de "grands" compositeurs de l'histoire ont également été confrontés aux mêmes voeux d'indépendance, qu'ils ont souvent exaucés en renonçant à fonder un foyer (Beethoven, Schubert, Brahms, etc) et 2) qu'au 20ème siècle, les compositrices ayant vécu en Europe de l'Est (Grażyna Bacewicz, Sofia Goubaïdoulina, Galina Oustvolskaïa, Ielena Firsova, Lera Auerbach, ...) ont "bénéficié" d'une société certes totalitaire mais en compensation nettement plus égalitaire qu'en Occident.

En art, innovation rime avec prise de risque et le fait est que celle-ci ne fait pas partie des priorités de la gent féminine, naturellement portée vers la préservation des acquis. Il suffit de (re)parcourir l'inventaire dressé par Arno Lücker, par exemple les oeuvres n°102 (Ruth Gipps : Symphonie n°2) ou 130 (Joan Trimble : Suite pour cordes), composées respectivement en 1945 et 1951, pour constater que le romantisme (très) tardif voire le néo-classicisme sont souvent au rendez-vous.

Contrôle antisceptique

J'ai conçu le test suivant à l'adresse de ceux qui pensent un peu vite, comme Monsieur Joncières, qu'il doit être simple de décider si une oeuvre a été composée par un homme ou par une femme. Il repose sur 6 extraits de pièces pour violoncelle & piano et, dans chaque cas, le lecteur est invité à identifier le sexe de l'auteur(e) :

Extrait 1 : M ou F ?

Extrait 2 : M ou F ?

Extrait 3 : M ou F ?

Extrait 4 : M ou F ?

Extrait 5 : M ou F ?

Extrait 6 : M ou F ?

Post Scriptum
Renoir : Les filles de Catulle Mendes
Auguste Renoir

Vous connaissez sans doute ce tableau d'Auguste Renoir, exposé au Metropolitan Museum of Arts (New York). Son cadre porte la mention de l'intitulé originel "Les filles de Catulle Mendes" (Huguette, Claudine et Helyonne pour les intimes). Voilà qui devrait apporter de l'eau au moulin des féministes : Auguste et Catulle avaient beau être amis de longue date, ces demoiselles étaient aussi et sans doute avant tout les filles d'Augusta Holmès ! Le sexisme se cache aussi parfois dans les détails !

Réponse au test proposé ci-avant : MFFMFM, soit dans l'ordre, Nikolai Miaskovsky (1881-1950, Sonate opus 81), Rita Strohl (1865-1941, Grande Sonate dramatique), Louise Farrenc (1804-1875, Sonate opus 46), Bernhardt Romberg (1767-1841, Sonate opus 38/1), Henriette Bosmans (1895-1952, Sonate en la mineur) et Ernest Chausson (1855-1899, Pièce opus 39). Notez la grande disparité des dates de naissance, preuve que le romantisme n'a décidément pas d'âge !